Sculpteur, fondeur, ébéniste et céramiste d’origine alsacienne, Emile Grittel se forme
au grès sous l’égide de Georges Hoentschel, au contact des ouvriers de Jean Carriès et
d’ Eugène Lion. En 1894, il termine son engagement de trois ans chez les sapeurs pompiers
de Clichy, pour travailler en qualité de sculpteur et de bronzier dans les ateliers parisiens
de décorateur. Privé des talents de Jean Carriès, pour les besoins de son entreprise Georges
Hoentschel incite le jeune homme à suivre une formation de potier.
En 1903 Emile Grittel s’établit ; une brouille avec Georges Hoentschel serait à l’origine de
son désir d’indépendance professionnelle, dissentiment de courte durée puisque le décorateur
semble avoir été le client principal de l’atelier clichois pour la fourniture d’éléments
mobiliers, bronzes et meubles. Le témoignage de Robert Grittel, né en 1902 et récemment disparu,
fils d’Emile et lui-même sculpteur, atteste le rôle directeur joué par Georges Hoentschel :
« Monsieur Georges venait souvent à l’atelier pour superviser le travail ». Répondant aux préoccupations
esthétiques de son commanditaire, Emile Grittel conçoit deux productions concomitantes :
l’une s’inspire de la poterie de grès japonaise; la seconde, empreinte de naturalisme et de symbolisme,
se situe dans la droite ligne du répertoire stylistique Art Nouveau. Aucune référence n’est alors faite
dans la poterie traditionnelle de Puisaye car l’orientation voulue par Georges Hoentschel obligea
vraisemblablement Emile Grittel à oublier cette influence. Pour réaliser les poteries de facture japonaise,
Emile Grittel travaille au tour.
Au décès de Georges Hoentschel, Emile Grittel va commercialiser les œuvres sous son patronyme.
Sa première apparition au salon des artistes français en qualité de céramiste et de sculpteur a lieu en
1914, soit l’année précédant la disparition du décorateur, puis régulièrement de 1920 à 1939. Au cours
de ces différentes manifestations il exposa une vitrine de sculptures et de poteries en grès flammé.
Désormais indépendant, Emile Grittel donne à sa production céramique un tour plus personnel, dégagé des
excès ornementaux de l’Art Nouveau. Par une légère concession accordée au style des années 1930, il
réalise de petits objets décorés de motifs rayonnants. A cette époque Emile Grittel fournit des formes
en grès brut, notamment pour l’atelier Heiligenstein. Artiste reconnu, au salon de 1951 il est déclaré
hors-concours. Dernier clin d’œil aux arts du feu, Emile Grittel est inhumé au cimetière de Clichy dans
un tombeau en grès flammé réalisé par ses soins.
Texte et photos extraits du catalogue du musée du grès ancien, à Premery : La Passion du grès L'école de Carriès de Patricia Monjaret et Marc Ducret et de la Collection Jason Jacques, NY.
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