PAUL JEANNENEY (1861-1920)
Jeanneney est né le 6 août 1861 à Strasbourg. De son vrai nom Lœwenguth, le pseudonyme est d’origine maternelle puisque l’élève Lœwenguth est désigné sous le nom de Jeanneney dès son admission à l’école. Après son diplôme d’ingénieur à l’Ecole centrale des arts et manufactures de Paris. De 1885 à 1889 il réside à Strasbourg. Sans doute profite t’il de ces années pour suivre une formation artistique car dès son retour à Paris, courant 1889, il possède un logement et atelier à la cité fleurie du boulevard Arago, gîte en principe réservé aux artistes. Doué et fortuné, influencé par le japonisme ambiant, il s’est révélé très tôt un amateur passionné d’art extrême-oriental. Sa collection exposée à la cité Fleurie permet à Jean Carriès, déjà résident, de comparer le résultat de ses travaux, présentés début 1889, avec la myriade de poteries japonaises, coréennes et chinoises. De collectionneur fortuné Paul Jeanneney devient mécène éclairé et acquiert de nombreuses œuvres de céramistes contemporains dont Carriès mais aussi Ernest Chaplet, Adrien Dalpayrat, Auguste Delaherche, des joyaux rivalisant de beauté avec les grés asiatiques. En se liant d’amitié avec Jean Carriès, Jeanneney se passionne pour la création potière à laquelle il s’initie dans les installations de Montriveau. Dès 1898 il se déclare « maître potier » sur l’annuaire des anciens élèves de l’Ecole Centrale. Propriétaire du château de St Amand et de la poterie jouxtant les communs, il choisit de résider en permanence en Puisaye. Afin de traduire sa verve créatrice, Paul Jeanneney use de toutes les techniques potières: tournage, moulage et modelage. Pour le façonnage au tour il sollicite la dextérité d’ Albert Jacques et de son ouvrier. Grâce à ses mains agiles, l’essentiel des grés Jeanneney affiche un équilibre puissant à la simplicité rigoureuse. Renforçant le naturalisme des grés, la terre encore fraîche, Paul Jeanneney Sensible aux courants asiatiques de l’époque, Jeanneney crée des pièces végétales et symbolistes. Certaines œuvres échappent à toute influence, avant-gardistes elles laissent présager le renouveau des années 1950. Il profite de ses connaissances en minéralogie et en chimie pour élaborer une palette personnelle qui démarque son œuvre de celle de Jean carriès. En collaboration avec des artistes dont le plus célèbre est Auguste Rodin, il élabore des pièces sculpturales. Il réalise notamment, la statue de Jean d’Aire, extraite du groupe des bourgeois de Calais et, la tête de Balzac présentée en 1904 à l’exposition universelle de St Louis, où il obtient une récompense. Très lié à l’Abbé Pacton, leurs passions communes les conduisent à pratiquer des fouilles sur plusieurs stations préhistoriques de la région, à explorer les tessonniers et à s’adonner aux premières recherches sur les bleus de Puisaye. Curieux de tout, Paul Jeanneney s’intéresse aussi à la poterie de grès traditionnelle émaillée au laitier. Prend de nombreuses notes sur l’histoire locale et rassemble une intéressante collection d’objets gallo-romains.
Artiste et technicien, Paul Jeanneney réunit les conditions primordiales pour réaliser un travail d’importance. Sa contribution au groupe Carriès est énorme : par sa qualité, sa diversité et sa quantité, son œuvre le hisse au tout premier rang des disciples du maître. Son décès, survenu le 13 août 1920 en son château de St Amand , met fin à une aventure commencée trente ans plus tôt dans l’effervescence artistique de la cité Fleurie. Ses héritiers dispersent en plusieurs ventes les collections de Paul Jeanneney. En effet, au cours de ces deux journées seront proposées plus de huit cents céramiques comprenant, outre trois cents Carriès et cent dix sept Chaplet, des œuvres de Pierre-Adrien Dalpayrat, de Théodore Deck, d’Auguste Delaherche, de claude Demay, d’Opta Millet et cent quatre-vingt-deux pièces de Paul Jeanneney. Une vente eut également lieu à St Amand où de nombreux grés d’Eugène Lion, de Pierre Pacton, de Théo Perrot et de Jean Pointu furent mis à l’encan.

Texte et photos extraits du catalogue du musée du grès ancien, à Premery : La Passion du grès L'école de Carriès de Patricia Monjaret et Marc Ducret ; collection musée national de Céramique de Sèvres ; musée Rodin ; musée d'Orsay ; musée du grès, de St-Amand-en-Puisaye.