PORTE MONUMENTALE
Dans les années 1890, la princesse de Scey-Mombéliard séduite par le travail de Jean Carriès, décide de lui passer la commande d'une porte monumentale en grès. Cette porte est destinée à s’ouvrir sur la salle abritant le manuscrit de Parsifal, œuvre ultime de Wagner. Sa décision est confirmée par lettre le 22 mars 1890. Elle approuve le document envoyé: un dessin de présentation de la porte peint à la gouache et à
l'aquarelle, réalisé d'après le projet d'Eugène Grasset et de Carriès. Le coût de l'ouvrage qui devra être terminé en 18 mois ou deux ans au plus tard, sera de 60.000 francs, payable en partie au cours de l'exécution. En décembre 1890, au retour de son voyage à Montriveau, elle écrit : « Votre oeuvre est vraiment belle (…) J’ai d’abord été un peu inquiète devant tous ces masques si grands et si terribles et j’ai presque regretté qu'il n'y ait pas, par ci par là, quelques figures plus consolantes. Je vous dis mon impression, mais j'ai la plus grande confiance en vous et je me rends compte du charme que vos beaux émaux apporteront à l’œuvre. » A ce moment, la maquette en plâtre de la porte est prête, Ganet ayant procédé à son moulage en juin 1890. La Porte à grandeur d'exécution est en cours de modelage à Saint-Amand. En août 1891, la princesse informe Carriès d'être prévenue pour toute modification de décor. Elle est impatiente de voir l'oeuvre en place. En février 1892, Carriès travaille réellement depuis 6 mois à l'émaillage des plaques de revêtement. La Correspondance change de ton devant les dépassements de coûts et le retard de livraison. La princesse le somme d'achever la porte et d'effectuer la pose en septembre 1892. Jean Carriès lui exprime son regret d’avoir entrepris ce travail long et coûteux. En effet, la construction des ateliers, du four, le moulage des nombreux éléments, le bois, les matières, les recherches et les salaires des ouvriers occasionnent des frais approchant les cent mille francs. Son activité potière aurait dû lui assurer une aisance financière et un confort certain, mais la porte démoniaque, le précipite peu à peu dans la ruine et la détresse. Carriès ne terminera jamais cette porte, il décède le 1er juillet 1894 victime d’une pleurésie.

Texte et photos extrait du document réalisé par la SAM et l'ACID, du catalogue d'exposision de la galerie Patrice Bellanger 1997,
et du catalogue du musée du grès ancien, à Premery : La Passion du grès L'école de Carriès